- WARHOL (A.)
- WARHOL (A.)WARHOL ANDY (1928-1987)Artiste américain né à Pittsburg. Rarement une carrière aura été moins le fait du hasard que celle du «pape» de l’underground américain et du prophète du pop art. Précurseur du nouveau réalisme en 1952 — il consacre une exposition de peinture uniquement à des chaussures —, Warhol passe dix ans à se rendre fameux comme photographe, tout en se créant une «cour» de personnages marginaux qui répercutent ses aphorismes rares sur la substitution de la machine à l’artiste, comme témoin de ce qu’on ne nomme pas encore la société de consommation. Tel il apparaîtra, assez déplaisant, dans le documentaire d’Emilio De Antonio: Painters Painting (1972). En 1962, c’est le coup de théâtre des premières Campbell Soup , peintures reproduisant inlassablement les modèles fort peu variés d’une célèbre boîte de conserve. Warhol adopte bientôt la sérigraphie, qui permet un travail plus rapide. Le même procédé est appliqué aux vedettes du spectacle (Elvis Presley, Marilyn Monroe) et aux éléments fondamentaux de l’actualité spectaculaire (Saturday Disaster , c’est-à-dire l’accident d’automobile, l’émeute raciale).La stupeur passée, les musées d’outre-Atlantique s’arrachent les «œuvres» de Warhol, qui les fait de plus en plus «exécuter» par ses assistants. Il se tourne alors vers le cinéma; en 1963-1964 chacun de ses films exige huit heures de projection: l’un montre un homme qui dort, l’autre l’Empire State Building en plan fixe. Il est difficile de savoir si Warhol pratique une totale objectivité froide, ou s’il s’y mêle du sarcasme, ou si des éléments subjectifs ne viennent pas altérer l’«absence de choix» qui se traduit tout de même par un choix (rêverie juvénile de gloire, obsession de la mort). La réponse est peut-être donnée par Chelsea Girls (1966): deux films projetés simultanément sur le même écran et qui composent un torrent d’images sordides et désespérées sur la vie des homosexuels de New York. Mais, depuis 1970, Warhol ne s’occupe plus guère que de produire les films de son disciple Paul Morrissey. L’une de ses boutades au moins s’est trouvé vérifiée: «À l’avenir, disait-il il y a un quart de siècle, tout le monde sera célèbre pendant cinq minutes.» N’est-ce point la devise du monde des mass media ?Il continue cependant, jusqu’à la fin de sa vie, à produire des portraits «multiples», dans lesquels il associe l’huile ou l’acrylique à la sérigraphie. Son œuvre en effet assoit sa légitimité artistique sur la peinture. Ses modèles sont des célébrités de la vie politique et du milieu du cinéma, Hollywood en particulier.Warhol enfin a beaucoup écrit, et un certain nombre de ses textes sont accessibles au public français: Ma Philosophie de A à B et vice versa (1975, trad. franç. Flammarion, 1977), The Andy Warhol Diaries (1989, trad. franç. Grasset, 1990). Il a laissé en 1980 un témoignage de son époque, POPism, the Warhol’60s , qui est une histoire de l’art du New York des années 1960.
Encyclopédie Universelle. 2012.